Née le 5 novembre 1917 à  Challans en Vendée

Jacqueline Marie-Thérèse Suzanne Douet

est la fille de Suzanne Chevy & d'Edmond Douet,

négociant importateur de bois, aux opinions royalistes

Un peu garçon manqué comme il se disait à l'époque, son tempérament se révèle dès son enfance, puis au lycée privé Blanche de Castille à Nantes, sous la tutelle par les Ursulines,

en refusant de soumettre au règlement.

En 1931, elle a douleur de perdre son père, ce qui  lui rend insupportable le remariage de sa mère en 1933 avec le conservateur du musée de Nantes. Ce second papa réussit pourtant à gagner son affection, et l’initie à l’art, tant & si bien

qu’elle s’inscrit à l’école du Louvre.

.A 16 ans, elle prend son baptême de l'air à Grenoble,

ce qui ne suscite guère d’attrait pour l’aviation

En février 1938, elle bouscule les conventions en épousant Paul Auriol, fils de Vincent Auriol, un socialiste !

Paul Auriol, époux de Jacqueline, diplômé de l’école libre des sciences politiques, cadre dans l’électricité, est appelé par son père comme secrétaire général adjoint de la présidence de la République…

Jacqueline s’occupe alors de la décoration de quelques pièces du palais de l’Elysées, mais ce n’est pas suffisant pour occuper cette femme d’action qui se sent coincée entre les mondanités & l’ennui.

« Pourquoi ne pas piloter ?»   lui suggère Pierre Pouyade, attaché de l’air auprès du président

Saint Cyrien, Pierre Pouyade, ayant opté pour l’aviation, est affecté dans une escadrille de chasse. Participant à la campagne de France, abattu, il est transféré en Indochine. Commandant d’escadrille, rapidement écoeuré par la collaboration des autorités françaises avec le Japon, il s’enfuit en emportant les plans de la défense aérienne nipponne, commence alors une longue aventure pleine de rebondissements pour ce condamné à mort par Vichy, qui le conduit au général de Gaulle, en février 1943.Le chef de la France libre, soucieux de la présence française sur tous les fronts, demande à Pierre Pouyade, de recruter des volontaires, Le 17 juillet 1943, Pierre  prend le commandement du « Normandie Niemen » sur le front russe , à la suite du premier commandant de l’escadrille, Jean Tulasne, mort au combat.

Dès le 6 juin 1947, Jacqueline apprend à piloter

sur un biplan Stampe

et obtient ses brevets, premier et second degrés, en 1948

L'aviation devient alors une passion et

elle éprouve un réel plaisir  dans la voltige aérienne.

Le 11 juillet 1949, elle est victime d'un accident sur le plan d’eau des Mureaux ( sur la Seine) alors qu'elle est copilote d'un prototype d’hydravion, un scan 30 de la société de construction aéronavale

Volant trop bas, la coque de l'appareil touche l'eau brutalement,

  bascule, puis happé par l'eau, se retourne.

Des 4 passagers, Jacqueline Auriol est la plus grièvement blessée: souffrant de  plusieurs fractures du crâne, elle est défigurée.

La chirurgie lui rendra sa beauté au prix de 16 interventions douloureuses effectuées aux États-Unis.

Loin d'être la dégoutée de l’avion,  elle reprend le pilotage,avec obstination, passe ses brevets militaires, de vol à voile & d’hélicoptère, avec un rêve: devenir pilote d’essai

En 1951, elle bat le record de vitesse détenu depuis 1947 par l’américaine Jackie Cochran.

( titre qu’elle enlèvera 5 fois jusqu’en 1963).

 Elle reçoit

le prestigieux  « Harmon trophy » en 1951, 1952, 1955 et 1956,

le  prix « Henri-Deutsch de la Meurthe » de l'Académie des sports en 1951, « récompensant un fait sportif pouvant entraîner un

« progrès matériel, scientifique ou moral pour l’humanité. »

la médaille de l’aéronautique

le diplôme « Paul Tissandier »

de la fédération aéronautique internationale

Le 21 décembre 1952,

elle bat le record féminin de vitesse

sur un Mistral à réaction

à la  vitesse moyenne de 855,92 km/h.

Le 20 mai 1953,

l’américaine Jackie Cochran lui ravit le record à 1 050 km/h.

Le 15 août 1953,

Jacqueline Auriol est la première européenne à franchir le mur du son  sur un Dassault mystère II

L’année suivante, elle entre à  l’école du personnel navigant d’essais et de réception (EPNER) pour devenir pilote d’essais, fière d’être acceptée par les hommes exceptionnels dont elle partage le risque au quotidien

Le 18 novembre 1955,

elle rejoint  le très fermé centre d’essais en vol (CEV)

de Brétigny-sur-Orge.

La lutte entre les deux Jacqueline se poursuit. Jackie Cochran, devenue vice-présidente de la Fédération aéronautique internationale (FAI), instance homologuant les records, souhaite garder son titre de

« femme la plus rapide du monde », & manœuvre au sein de la fédération pour abolition les records féminins,

qui serait effective le 1^er juin 1955

.

Elle en fait l’annonce au cours du mois de mai ;

c’est sans compter sur la réactivité & la détermination de Jacqueline,

  le 31 mai, elle reprend le record de vitesse

avec 1.151 km/h sur un Dassault Mystère IV

contraignant sa concurrente à revenir sur sa décision.

Chaque sortie la  confronte  à la mort, qu’elle ne craint pas,  

une vrille a failli lui être fatale en 1956

ce qui conforte une sérénité, qu’elle conservera toute sa vie

Le 7 avril 1961,

aux commandes du  Northrop  T38A-NO Talon

l'américaine porte le record de vitesse à 1 262 km/h

.

Le 22 juin 1962,

Jacqueline Auriol bat  le record féminin du 100 km en circuit fermé

à 1849 km/h sur un Dassault Mirage III c  

Record qu’elle porte à 2038km/h, sur un Dassault Mirage III R

le 14 juin 1963

L’académie des sports lui décerne le prix «  Roland Peugeot » récompensant le plus bel exploit mécanique français de l'année

L'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique

et de l'espace lui décerne le « prix Icare »

Elle reçoit les médailles d’or de l’aéroclub de France

& de la fédération aéronautique internationale,

La société Dassault lui demande ensuite de réaliser des records

sur l'avion d'affaires Mystère 20  .

Le 1^er juin 1964,

Jackie Cochran porte le record de vitesse à 2 097 km/h

sur un Lockeed F-104G.

En 1966,

Jacqueline Auriol bat un nouveau record

entre la France et la Côte d'Ivoire.

En 1992, elle est nommée grand officier de la légion d’Honneur

En 1997, elle reçoit la grand croix de l’ordre national du mérite

Et une pluie  de médailles, au titre de  commandeur

-de l’ordre du mérite sportif ,

-des ordres nationaux de la haute Volta, du Sénégal, du Niger,

de la Côte d’Ivoire, de Tunisie du Laos, de la Suède, des Pays Bas

L’âge la soustrait aux essais des prototypes les plus rapides;

elle renoue alors avec la décoration, avant d’être fragilisée par la maladie et un accident de la route, sans quitter la présidence de l'association des « amis de Maryse Bastié »

qu’elle assure jusqu’à son dernier souffle

.Après avoir vécu de nombreuses années

à  Saint Herblain,en Loire Atlantique,

Jacqueline Auriol, regagne Paris où elle décède le11 février 2000,

rejoignant d’un dernier coup d’aile,

Paul, son époux & Vincent Auriol, son beau-père  

dans le caveau familial des Mureaux, en haute Garonne.