Marie-Antoinette, dite Maryse, Hilsz

Issue d’une modeste famille d’origine alsacienne,

Marie-Antoinette Hilsz, naît le 7 mars 1901 à Levallois-Perret.

Au décès prématuré de son père, elle doit interrompre ses études pour travailler avec sa mère dans un atelier de couture,

où elle commence une carrière de modiste.

Friande de meetings aériens, elle s'inscrit à un concours de saut en parachute en 1924 alors qu'elle n'est encore jamais montée en avion.

Remarquée et sollicitée par la société pour le développement de l'aviation, elle se lance dans le parachutisme d’exhibition,

totalisant 112 sauts, dont vingt en double.

Ce qui lui permet de financer ses cours de pilotage

et d’obtenir son brevet de pilote de transport public. le 21 avril 1930.

1930, c’est aussi le début d’une liaison passionnée avec un autre pilote d'exception, André Salel, mais pas question de convoler en justes noces, aucun des deux ne souhaite mettre un terme à sa carrière, ni connaître une vie paisible et sans risque. André ,pilote d’essai chez  Farman meurt le 18 juin 1934 avec son mécanicien Roger Robin en réalisant le 2e vol d’essai du prototype d’avion de combat Farman 420

Contemporaine de  Maryse Bastié, elle devient rapidement une aviatrice hors pair, enchaînant les records de vitesse & de distance .

Après une tentative infructueuse de relier les capitales européennes,

( panne de moteur à Amsterdam).

Qu'à cela ne tienne, cette femme d'action dotée d'une forte personnalité, se prépare minutieusement pour le « Paris – Saïgon »

Seule à bord d'un Morane Moth à moteur Gipsy,

elle s’envole dans des conditions atmosphériques difficiles.

Elle fait escale à Goritzia en Italie, Belgrade, en Serbie, Constantinople & Koniah en Turquie, Alep en Syrie Bagdad en Irak, Bouchir et Djask en Iran, Karachi au Pakistan, Agra & Calcutta en Inde,

Rangoon, en Birmanie et Bangkok en Thaïlande avant de se poser à Saïgon en remportant, le record de vol longue distance.

Son  trajet de retour est semé d’embûches 

- une rupture de canalisation d'huile l'oblige à se poser dans la province de Bouchehr, en Iran ,et son avion capote sur le terrain détrempé de Constantinople. Fin à l’équipée, elle rentre en France en bateau

Le 31 janvier, en compagnie de son mécanicien, Maurice Dronne, elle se lance sur le « Paris Madagascar ; à bord d’un Farman 291

Ce ne sera pas un long fleuve tranquille

Incident mécanique la bloquant plus d’un mois au Niger,

dans l’attente d’un moteur

Repartie le 8 avril,  un nouvel incident le lendemain l’oblige à atterrir sur l’ile de Juan de Nova, dans la zone maritime de Madagascar.

Secourue par l’aviso « Antarès » de la Marine Nationale,

elle redécolle le 14 avril.

Elle ne reposera le pied sur le sol français que le 7 mai

Le 10 août 1932, après 3 mois d'entraînement, elle bat le record du monde d'altitude féminin à 9791 mètres à  Villacoublay

surun Morane-Saulnier Jockey,

ce qui.lui vaut d'être nommée chevalier de la Légion d’Honneur

Le 1^er avril 1933

Maryse et son mécanicien Lemaire relient Paris à Tokyo

sur un Farman 291 en 15 jours, avec une escale à Hanoï, au Vietnam.

Pour cette performance  le ministère de l’air lui offre à son retour 

un Breguet 330

Le 26 janvier 1934, elle veut renouveler l’exploit, mais son avion sévèrement endommagé par une tempête, l'oblige à atterrir le 31 à Alep, pour n'arriver à Tokyo que le 6 mars, où la société impériale de l'aviation japonaise lui décerne la grande médaille d’or.

Quittant le Japon le 20 mars, elle transite par la Chine, et l’Indochine

où elle séjourne quelques jours

.

Sur le trajet de retour Saïgon–Paris, elle établit, un nouveau record

en 5 jours et 10 heures.

Le 28 avril, elle bat le record de distance & de vitesse 

dans le raid Paris-Tokyo-Paris

30 000 km, sur un Breguet 33 R à moteur Hispano de 650 chevaux

Le 11 juin 1935, Maryse Hilsz s'attaque à son propre record d'altitude et atteint 11 265 m sur un Morane-Saulnier 275.

Le 20 juin 1935, l'aviatrice italienne Carina Negrone,

équipée d’une chemise chauffante et d’une bouteille d'oxygène, décolle de la base de Guidonia Montecelio à bord

d'un biplan Caproni Ca 113

établit, par -35° ,un nouveau record d'altitude à 12 043 mètres,

battant le record de Hilsz de 754 mètres

En août 1935, Maryse  remporte la première coupe Hélène Boucher sur le  Paris-Cannes, avec un Breguet 27,  en 2 h 29

à la vitesse moyenne de 277 km/h^,

En 1936, elle renouvelle l’exploit en 1 h 52

à la vitesse moyenne de 366,7 km/h sur un Caudron-Rafale

.

N’entendant pas laisser plus longtemps, le record du monde d’altitude à la marquise Carina Massone Negrone,

le 23 juin 1936, elle embarque sur un Potez 50 de 900cv

,

un biplan à voilure augmentée, elle porte le record à 14 310 m,

battant d’un même coup d’aile le record masculin

 Le 19 novembre 1936, alors qu’elle tente de battre le record de vitesse féminin à ’Istres, avec un  bimoteur Caudron C 640,

elle est éjectée de son siège et sauvée par son parachute,

blessée, il lui faut 1 an pour se remettre

Elle reçoit le prix "Monique Berlouix" décerné.

par l'académie des sports récompensant

la meilleure performance sportive féminine de l'année

Le 19 décembre 1937, elle veut s’attaquer au record de distance en ligne droite établie par l’américaine Amélia Earhart.

Elle décolle d’Istres à bord d'un Caudron Simoun C 635

en direction de Bassorah en Irak.

Elle abandonne son projet, contrariée par un fort vent de face augmentant fortement la consommation de carburant de son avion, et se pose à Alexandrie, en Egypte;

changement de cap, retour à Paris, pas abattue pour autant,

elle décide d'améliorer le record de vitesse

sur le trajet Paris-Saïgon détenu depuis décembre 1935

par André Japy,

Le .23 décembre, c’est chose faite, parcourant sur

un Caudron – Renault « Simoun » de 220 chevaux,

la distance en 92 h 31.

Pourquoi s’arrêter là, elle décide de rentrer à Paris encore plus vite,

en seulement trois étapes,

mais une panne de moteur l'oblige à atterrir dans le désert du Baloutchistan, en Iran, où elle n'est retrouvée

que deux jours plus tard.

Le 30 décembre 1938, elle bat le record de distance sans escale pour un avion de première catégorie, un Caudron Simoun,

sur le trajet Istres – Port-Etienne, en Mauritanie, soit 3 230 km

.

En 1939, à l’instar d’autres aviatrices désireuses de participer à l’effort national, elle propose ses services mais se heurte au refus des autorités d’intégrer des femmes dans l’armée de l’air.

Comme ses consoeurs, dont Maryse Bastié, Claire Roman

& Paulette Bray-Bouquet, elle se tourne vers le monde de  l’industrie et obtient  de pouvoir convoyer des avions sur le front,

en faisant partie du premier corps féminin de pilotes auxiliaire,

crée, par décret le 27 mai 1940,

Il est dissous peu après la signature  l’armistice du 22 juin.

Retour à la vie civile; reprise à contre coeur de son métier de modiste

Elle  s’engage alors dans le réseau résistance « Bruckmaster »

en 1941.Son efficace participation au recueil d’informations pour les services secrets britanniques lui vaut d’être promue au grade de capitaine dans les Forces françaises de l’Intérieur.

En septembre 1944, sous le 1^er gouvernement de Gaulle,

le ministre de l’air, le communiste Charles Tillon,

ouvre l'école militaire de pilotage féminines,

Treize aviatrices dont Maryse Hilsz,

,

 s’engagent dans le 1^er corps de pilotes militaires féminins, de l’armée de l’air, crée pour l’occasion et calqué sur le modèle russe.

Au sortir d’un entraînement à Châteauroux, suivi d'un cycle d'étude à  Tours, elles sont toutes reçues et sont rapidement affectées

à des unités opérationnelles

En tête de liste, Maryse Hilsz est nommée sous lieutenant

et affectée au groupe de liaison aérienne ministérielle  le GLAM,

chargé du transport des personnalités

(L'expérience du recrutement de femmes dans l’armée de l’air s’arrête en 1946, avec le départ Tillon pour un autre ministère)

Le 30 janvier 1946, avec les sous-lieutenants Martin, Bétouet Rousset. elle trouve la mort dans la région

de Bourg en Bresse en pilotant son Siebel 204,

En cause, le mauvais temps provoquant une double avarie:

le blocage des commandes par le givre et l’éclatement de la queue (*)

.Médaillée de l’aéronautique, à titre posthume,

cette grande aviatrice des années 1930

repose au cimetière de Levallois Perret

(*)Le  choc est profond et sonne le glas du recrutement de pilotes féminines militaires en France.

Ce n’est qu’en 1983 que les femmes obtiennent l’accès à l’ensemble des spécialités du personnel non navigant, en leur laissant la possibilité de se porter candidates

pour évoluer dans le transport aérien.

La spécialité d’officier de l’air, personnel navigant, est ouverte aux femmes en 1996 ce qui permet notamment à :

-Aude Tissier, recrutée en tant que mécanicienne à l’école de l’air en 1995 de changer de corps puis d’obtenir

son brevet de pilote de transport en 1996

-à Caroline Aigle d’intégrer l’école de l’air en 1997 pour devenir la première femme brevetée pilote de chasse le 28 mai 1999.

.

Aujourd’hui, l’armée de l’air est la plus féminisée du système militaire français, 25%, à ce jour,

dont 7% dans le personnel naviguant.

Depuis 2000, tous les postes sont ouverts aux femmes,

Sur la trentaine de bases sur le sol français, 6 sont commandées par des femmes, sachant qu’il faut compter 20 ans pour accéder au grade de colonel, trente pour accrocher les étoiles de général,

la « montée en puissance », ne peut qu’être que progressive.