les 400 coups & les 401 vies de Vidocq
Eugène François Vidocq, naît le 24 juillet 1775 à Arras, 3ème fils d’une fratrie qui comptera 7 enfants, il fait son entrée dans un milieu bourgeois cossu & cultivé ( son père est maître boulanger & marchand de blé).
Le gamin se révèle précoce & révolté , intrépide, rusé et ….bagarreur:
A 11 ans, Eugène le turbulent fréquente assidûment les casernes & les salles d’armes, se révélant un virtuose du fleuret & un duelliste acharné.
A 12 ans, ayant atteint sa taille d’adulte,( 1.80m), il commet divers larcins, pillent les troncs d’églises pour financer... ses virées au bordel !!
A 13.ans, l’enfant terrible vole les couverts en argent de ses parents, ce qui lui vaut 10 jours de maison de correction. La leçon ne porte pas,
car à 16 ans, il emporte les économies familiales, direction Ostende pour embarquer sur un bateau à destination du nouveau monde …et se fait délester de son pécule par plus malin que lui. Pour survivre il travaille dans un cirque, tour à tour, « anthropophage des mers du sud, acrobate, garçon de ménagerie, puis mitron, colporteur, maître d’école Hé Oui ! gigolo, démontrant, si besoin est, son étonnante capacité à rebondir à chaque fois que la situation le met en difficultés.
A 17 ans il s'engage dans les grenadiers, se bat alors à Valmy en 1792 et gagne son galon de caporal. Toujours aussi belliqueux, croisant le fer facilement, c’est à la suite d’un duel de trop qu’il blesse un sergent chef et s’empresse de décamper…pour s’engager en face, chez les autrichiens, puis par un volte face à 180 degré, combattre au côté des français à Jemmapes, le besoin d’action passant avant la loyauté. (les agents recruteurs ne devaient être trop regardant, ) Coureur de jupon impénitent, Eugène se lance dans la carrière de maquereau occasionnel et surtout d’escroc, ce qui vaut un séjour en maison de redressement, puis en prison Contraint au mariage en 1794, par Marie- Anne, se disant enceinte de ses œuvres ; il ouvre un commerce pour nourrir la famille, mais découvrant qu’il n’en était rien il la quitte aussitôt… ....en emportant ses économies, un vieux réflexe. et reprend sa vie de voleur & d’escroc,
En 1796, ayant rossé un militaire dans une rixe pour les beaux yeux d’une demoiselle, il reprend le chemin de la prison pour 3 mois, qu’il s’emploie à rendre « utile" en apprenant « la savate » un combat de rue combinant les frappes à mains nues & des pieds, avec un spécialiste en la matière Jean Goupil ; il sera son meilleur élève. Il commet cependant l’imprudence de fabriquer un faux ordre de mise en liberté pour un codétenu ; le subterfuge est découvert, le tribunal criminel le condamne à huit ans de travaux forcés pour: « faux en écritures publiques et authentiques » . Incarcéré à Bicêtre, c’est le bagne de Brest qui l’attend:
Rattrapé en 1799, il est cette fois envoyé au bagne de Toulon… où il est fiché comme suit: « François Vidocq, marchand d’indienne, marié à Marie-Anne Chevalier, demeurant lors de son arrestation à Lille, département du Nord, et en deuxième, à Paris, rue Saint-Hugues, 4, cour Saint-Martin, âgé de 26 ans, natif d'Arras, département du Pas-de-Calais, taille 5 pieds 6 pouces, 6 lignes , cheveux et sourcils blonds, front rond, nez aquilin long, yeux gris, bouche moyenne et de travers, menton rond et long, visage ovale, barbe blonde, ayant une cicatrice à la lèvre supérieure à droite et les oreilles percées".
il s'évade, le 6 mars 1800, en se mêlant à un cortège funèbre…
Repris en 1805, chaque séjour est pour lui l’occasion de « parfaire » son éducation, accumuler les informations, d' étoffer un « palmarès » qui lui attire le respect & la notoriété dans le milieu .
Evadé de nouveau & repris en 1809, cette fois, ç’en est trop : las d’être un « mort » aux yeux de la société, las de cette vie le ravalant au rang de bête, las des pires sévices subis en prisons, tant des codétenus que des geôliers, las de vivre dans la crainte permanente de périr de maladie, d’accidents ou de ces bastonnades inhumaines généreusement dispensées, Vidocq décide de rompre avec la fatalité, d’en finir avec le bagne, c’est décidé : il demande à rencontrer le commissaire de la sûreté, Jean Henry, fort de son carnet d’adresses lui offrant ses services d’indicateur, infiltrer & démasquer les bandes de malfrats.
Celui-ci décline l’offre, et se ravise 4 mois plus tard en réexaminant sa candidature : Jean Henry est le chef de la deuxième division à la Préfecture de police, relevant les affaires criminelles, et le sommier général contenant le signalement des prévenus de délits graves. Surnommé « l’ange malin » par le monde des escarpes( voleurs & assassins), il lui avait paru efficace d’embaucher d’anciens bagnards pour lutter contre les chourineurs, les faux monnayeurs et autres voleurs à la tire.
A 34 ans, l’homme ne manque pas d’atouts : Intelligent & cultivé, c’est un spécialiste du déguisement…et de l’évasion, athlète rompu au combat de la rue, il n’a jamais commis d’assassinats ; physionomiste, il est capable de reconnaître du premier coup d’oeil une personne qu’il n’a rencontré qu’une seule fois, même sous un déguisement.
Vidocq commence son travail d’indicateur, d'abord.en prison, avant d’en sortir, en 1811, par une dernière évasion ,couverte, cette fois-ci, par sa « hiérarchie » officieuse.
L’impensable arrive, le 25 mars 1811- Vidocq est nommé chef de la sûreté ( la police secrète) et constitue sa brigade de 16 « inspecteurs »: des anciens truands & d’anciennes prostituées (*) reconnaissables à leur port de gants en peau de daim, ce qui leur rend impossible de faire poches des bourgeois au passage, ceci pour désamorcer les accusations de vol qui ne manquent de fleurir. Il s’attache notamment les services de Jean Goupil, le spécialiste de la savate, Coco Lacourt, un monte en l’air surdoué, Hercule Ronquetti, un solide lutteur aux allures d’aristocrate, Annette, sa maîtresse, ancienne prostituée, experte en déguisement & en filature, messagère discrète de Vidocq avec le préfet. Payée sur les fonds secrets, la redoutable brigade répartie en 4 escouades atteint bientôt un effectif de 28 collaborateurs. Tenus par une main de fer, ils assurent des services de 18 heures sur 24. Vidocq perfectionne les techniques de l'infiltration & du flagrant délit, & utilise les toutes nouivelles méthodes : l'analyse balistique & la recherches d'empreintes, Le résultat est à la hauteur: démantèlement de réseaux de voleurs & de faussaires, 800 arrestations en 2 ans, la pègre crie au traître, les policiers méprisent son curriculum vitae et ses méthodes peu orthodoxes, … mais la peur a changé de côté,
En 1818, Louis XVIII, par lettre patente, lui rend ses droits civils.
Toujours amateur d'aventures, il n'hésite pas à monter en première ligne.
En 1819, un colporteur arrive au village de Rosières en Santerre, dans la Somme., Cet étranger en impose par son physique, coupant court aux éventuelles questions . Se révélant toutefois sympathique, il rend de menus services et régale de tournées le gars du bourg ; à ce régime, la confiance s’instaure, les langues se délient plus facilement, et l’on en vient à évoquer ce repaire de brigands terrorisant la région qui pourrait bien se trouver à Harbonnières , le village voisin . Notre homme prend alors la décision de loger dans l’auberge du lieu, séduit la fille de l établissement pour se faire admettre dans la famille pour entrer dans les confidences, laissant entendre qu’il a d’autres talents que ceux de colporteur. En quelques semaines il est admis dans la bande obéissant de la « louve de Raincourt »; malgré ses réticences : 56 malfrats qui suivent le retour au foyer des voyageurs, faisant étape à l’auberge, et leur font subir les pires sévices pour leur extorquer leurs biens Vidocq participe à quelques vols, achevant de convaincre la terrible vieillarde, qui l’enrôle dans le projet de dévaliser un riche rentier à Berny. A la nuit tombée, les bandits armés cernent la maison… et tombent dans l’embuscade tendue par la maréchaussée les rescapés seront condamnés à la décapitation ou aux travaux forcés,il sont marqués au fer rouge.
Efficacité d’abord, oui, mais pour le plaisir de l’aventure autant que possible, il va jusqu'à fournir de bons tuyaux & des outils aux voleurs pour mieux les coincer en flagrant délit.
Plus délicat, leses affaires délicates touchant les cours royales, en démasquant :
Sous Louis XVIII, : Le soi-disant comte de Pontis de Saint Hélène, lieutenant-colonel du roi, décoré de la légion d’honneur, qui n’est autre que Pierre Coignard, fils de vigneron, un forçat en cavale, à la tête d’une bande de voleurs toujours en activité
Le soi-disant marquis de Chambreuil, gouverneur des haras royaux, chef de la police du château…un faussaire & ancien forçats
Les soi-disants : marquis de Fenelon, maréchal de camp Stévenot, Morel, le secrétaire du roi....sont d’anciens forçats
Le comte de Roustan , lui est un véritable aristocrate, mais il est cleptomane et voleur des bijoux du Louvre
En 1824, sous Charles X, Vidocq & sa brigade, cheminant en « paisibles voyageurs », met hors d’état de nuire une bande de détrousseurs armés de pistolets.
Sous Louis Philippe, en 1831, il arrête Eugène Fossard, « le prince des voleurs », portant une valise contenant 2 millions de francs en lingots d’or, subtilisés avec l’aide d’une dame de la cour, amie intime de la reine…
Malgré les tentatives de ses adversaires pour l’évincer, (ses hommes procèdent à 3 fois plus d'arrestations que la police, c'est agaçant) il traverse sans encombre tous les régimes, de Napoléon Ier à Charles X ;
Ses nombreux succès et ses méthodes peu orthodoxes lui apportent autant d'admirateurs que de détracteurs. Il est la coqueluche du « tout Paris »: les nobles sont satisfaits du grand nettoyage des faux aristocrates qui pullulaient dans leurs rangs depuis les cent jours et les dames frissonnent sous son passage.
Mais le vent tourne, en 1827, Vidocq démissionne de ses fonctions de chef de la « sûreté », s'installe dans la région parisienne, à Saint Mandé, et crée une petite usine de papier, et invente le papier infalsifiable
En 1828-29 La publication de ses mémoires, enjolivées certainement, connaît un grand succès – (Honoré de Balzac s'en inspire pour crée son personnage de Vautrin)
Le 28 janvier 1830, il épouse, à 55 ans, sa cousine germaine Fleuride-Albertine Maniez, de 18 ans sa cadette.
Il est rappelé le 31 mars 1832 pour reprendre le poste chef de la « Sûreté » qu'il n' occupe que sept mois, la guerre des polices continue, sous la pression de ses détracteurs, les attaques reprennent de plus belle : accusé d’avoir dirigé la répression qui suivit le soulèvement de juin 1832 "La Tribune" le présente sous les traits d’un agent provocateur.
. Vidocq, peu enclin à perdre son autonomie, accepte de démissionner, revendiquant un bilan de 16000 arrestations
Il rebondit une nouvelle fois en 1834,en ouvrant le bureau « des renseignements universels dans l'intérêt du commerce » La période est propice : l'industrie est en pleine expansion, dans son sillage les escrocs fleurissent, Monsieur Vidocq, moyennant finances, offre aux banquiers, & aux commerçants, ses services de renseignement de surveillance économique sur les auteurs d'escroqueries. Tandis que pour le particulier, ses détectives, agissant dans « l'intérêt des familles » se consacrent aux adultères, chantages, disparitions, et successions,
L'affaire tourne bien, (selon ses dires, son carnet est rempli de 8000 adresses),
trop bien même, accusé d’agir en dehors de la loi ou de manipuler les preuves pour parvenir à ses fin,ce quin'est pas faux, il s'attire plus que jamais la jalousie de la police,
C'est certain, on n'aime pas plus efficace que soi, si bien que l'agence ferme en 1837 par décision de justice, il est emprisonné à Sainte-Pélagie, puis acquitté au bout d'un an. !!
Pour gagner sa vie, il écrit plusieurs livres.
En 1845, ruiné, Vidocq part pour Londres, fort de sa réputation, il y donne des conférences payantes,et joue son propre rôle sur la scène du « Cosmorama », le théâtre londonien spécialisé dans les spectacles à sensation», et vend ses brevets d'inventions: le papier infalsifiable, la serrure incrochetable,
1847 son épouse décède, il se console dans les bras de jeunes maîtresses qu'ils séduit en leur faisant miroiter un testament (bidon) promesse d'un riche héritage.
1848, il reprend du service dans les renseignements en se laissant emprisonner à la Conciergerie durant les émeutes du 15 mai et opère comme indicateur.
En 1854, il survit du choléra, mais le 30 avril 1857, ses jambes se paralysent
le 11 mai 1857, le père de la criminologie moderne s'éteint non sans avoir murmuré dans un dernier souffle « Diantre !, je sais que j'aurais pu vivre jusqu'à 100 ans !, j'avais encore de choses à faire »
Enterré au Père Lachaise, sa sépulture n'existait déjà plus à la fin du XIXème siècle.
sources: le net |
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