Un général baron du 1er empire
enterré à Estissac
Antoine Pailhés nait à Béziers le 25 août 1779,
au foyer d'un tonnelier de la paroisse St-Felix.
Cette famille, ne disposant que de revenus modestes
place Antoine chez un imprimeur.(1)
La révolution, 1792.. la patrie en danger... la « levée en masse" ....
.....délaissant le plomb des caractères d'imprimerie,
Antoine fait le choix de l'acier bien trempé,celui des baïonnettes,
en rejoignant , à 14 ans, la célèbre « colonne infernale »
de La Tour d‘Auvergne,
obtenant, lors de son passage dans ce régiment de grenadiers le sobriquet: "l'Enfer"
qu'on accole depuis à son nom
( cela donne une idée de son caractère fougueux)
Détaché quelque temps à la campagne de Savoie,
il prend part à la bataille de la Montagne-Noire,(France)
où il enlève une redoute et six pièces de canon.
En Catalogne, à la prise de Rosas, il s'empare avec quelques soldats d'un ouvrage important, il en revient blessé.
Passé dans la 61e demi-brigade, le jeune Paillhès est l' un des quatre soldats qui ,le 17 novembre 1796 ,se précipitent aux pieds du pont d'Arcole,pour sauver le général Bonaparte, enlisé dans le marais.
le Corse reconnaissant, le nomme sous-officier rattaché à sa suite,sa carrière est lancée
S’ensuivent:
-la campagne d'Italie.
(un coup de baïonnette lui transperce l'avant bras
à la bataille du Mincio,
un coup de feu lui déchiquète la jambe droite, à Gradisca.)
- la campagne d'Égypte…
Le 9 juillet 1799, il est nommé Caporal-Fourrier ;
le 22 mars 1800, il coud son galon de Sergent-Major
Le 7 août 1802, il accède au grade d'Adjudant.
Le 8 juin 1803, il passe sous-Lieutenant.
Le 2 décembre 1805, il reçoit les galons de Lieutenant sur le champs de bataille d’Austerlitz, nomination confirmée le 21 décembre 1805 avec une affectation dans la Garde Impériale.
S'étant distingué au combat de Rio-Secco en Espagne, en 1808,
il est élevé, sur le champ de bataille, au grade de capitaine,
Le 8 janvier 1809, il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur
29 mai 1809- son grade de capitaine est confirmé
Le 24 juin 1811,il est nommé chef de bataillon
au 4e Régiment de Tirailleurs de la jeune Garde Impériale.
Il combat avec ce grade en Allemagne & en Espagne A
Le premier avril 1812, Pailhés est nommé
aide de camp du général Dorsenne.
Il quitte Paris le 18 juin
à la tête d'un régiment de marche de dix mille hommes
et 1200 chevaux pour prendre en charge la sécurité de l'approvisionnement de la Grande Armée,
direction:les vastes plaines de Russie, via Sovoubech, Liaskovo
et Smolensk.
Lors de ce périple, il rejoint les troupes
de la division du Général Baragay-d'Hillers aux alentours de Liaskovo, bivouaquant à l’orée d'un petit village,
Le campement subit par deux fois une charge de la cavalerie russe,
repoussée par une vive fusillade.
Les russes délèguent alors, comme parlementaire,
le premier aide-de-camp du général comte Orlov,
annonçant la prise de la brigade du général Augereau
et sommant le général Baragay'd'Hillers
de se rendre, car selon ses dires, la position est occupée par plus de 25 000 Russes.
Pailhés, qui ne s'en laisse pas conter,
accompagné d'un sous-officier polonais connaissant parfaitement le pays,
conduit sa jeune garde dans les marais,
( qui ne sont pas un obstacle pour ce « guerrier farouche et déterminé »)
& fait charger son régiment à la baïonnette,
rompant l’encerclement des bataillons d’Augereau .
Informé, Napoléon envoie l'adjudant commandant Hulot,
pour recueillir le compte rendu de Pailhès, qui reçoit, le lendemain, l’ordre de se rendre
à Smolensk, où l'Empereur désire passer en revue le régiment :
"C'est alors que S.M. détacha de sa poitrine la décoration d'officier de la Légion d'Honneur
et la lui donna en souvenir de son mémorable fait d'armes ".
Pailhés se distingue encore:
-le 17 novembre 1812 à la Bataille de Krasnoï
-le 29 novembre, sur la route de Kalouga à Smolensk,
où il participe à une attaque de nuit
avec 2 600 hommes de la Garde contre
un corps russe de 23 000 hommes.
Il passe au 2e Régiment provisoire comme Colonel en Second.
Le premier avril 1813, il obtient le grade de colonel au 61e de Ligne
Le 5 mai 1813 il est affecté comme major
au 1er Régiment de Tirailleurs de la Jeune Garde Impériale.
Le premier août 1814,
il est Colonel au 90e Régiment d'Infanterie de Ligne.
Fin août 1814, pendant la première Restauration,
le duc de Berry, passant une revue de troupe à Thionville
attribue la croix à un major de la garde ,
puis se ravisant, la donne à un émigré qui venait de lui rappeler
ses services rendus aux Bourbons;
Paillhès informé de ce fait, aborde vivement le prince
et lui reproche avec énergie l'insulte faite à un brave officier.
« ....Si vous aviez eu affaire à moi, je vous aurais tué. »
La réaction ne se fait pas attendre, le colonel Paillhès
est placé en demi-solde, le 4 septembre 1814 ;
il reçoit toutefois l’insigne de Chevalier de l'Ordre royal
et militaire de Saint-Louis, le 1er novembre 1814 ! ! !
Le 20 novembre, il épouse Mademoiselle Deshayes.
Bien que placé sous la surveillance de la haute police,
il entre dans la conspiration ourdie par Lefebvre Desnouettes
et les frères François Antoine & Henri Dominique Lallemand;
Cette conspiration n’aboutit pas, car l'Empereur débarque à Vallauris le 1er mars 1815,
Pailhès le rejoint à Sens, le 19 mars
Nommé Colonel-Major du 3e Régiment Tirailleurs
de la Jeune Garde Impériale,
, il combat le 8 avril 1815, à la bataille de Waterloo,
prenant et reprenant plusieurs fois le village de Planchenois,
Il n’abandonne le champ de bataille qu’avec le dernier carré.
Le colonel Paillhès refusant de signer la capitulation de Paris,
veut qu'on arrête Fouché, & Davout et qu'on se batte encore :
la majorité des officiers ne répond pas à ses attentes.
Il est licencié le 15 septembre 1815.
Le 7 décembre 1815, Ney est fusillé, tandis que Pailhès est arrêté comme initiateur du
"projet d'enlever le maréchal, si on le conduisait à Grenelle"
Faute de preuves, il est libéré,
mais doit s’exiler deux ans de Paris.
Pendant le règne des Bourbons, le colonel Paillhès est compromis,
à tort ou à raison,dans toutes les conspirations;
Celle de Belfort, en 1821,
lui vaut cinq années de détention à Colmar
et la privation de sa demi-solde
que Louis XVIII ,par acte de clémence,
lui restitue en date du 24 avril 1824.
Libéré en 1829, il prend part aux événements de juillet 1830,
notamment le 31, où il arrête, au péril de sa vie,
l'individu chargé de la confection des cartouches et
des gargousses pour le compte des assaillants qui voulaient faire sauter la Bourse.
Les Tuileries mises à sac, Pailhès rétablit l'ordre et fait récupérer des milliers d'objetset meubles d'art, dont il fera un inventaire minutieux, avant de les remettre en sécurité au poste de la Bourse.
Le Gouvernement provisoire tient en lui
« un militaire de grande valeur",
ce qui lui vaut d'être nommé commandant
de l'École Militaire de Paris
Le 29 mars 1831 il est élevé au grade de
commandeur de la Légion d'honneur
.Le 2 avril, il est fait maréchal de camp.
(grade par deux fois conféré sous l’empire,
mais non reconnu par la Restauration)
Le 18 avril 1831, il est affecté au commandement
du Département de l'Aveyron
Le 4 décembre 1832 il prend le commandement de la 2e Brigade
de la 1re Division d'Infanterie de Moselle,
qu'il quitte le 1er février 1833....
...…pour prendre la tête de la subdivision militaire de l'Aube,
le 19 mars 1833.
Antoine Pailhés, conformément à la loi du 4 août 1839 est placé dans la Section de Réserve du Cadre de l'Etat Major Général
le 28 août 1841
Il se retire avec son épouse à Saint-Germain-en-Laye, ne quittant ce havre de paix qu'à de rares et grandes occasions qui réunissaient périodiquement les vétérans de la garde impériale ...ou pour chasser dans l’Aube .
Agé de 64 ans, c'est lors d’une campagne de chasse dans le pays d'Othe,
que, frappé d’apoplexie, il meurt à Estissac, le 5 septembre 1844, où il repose désormais.
sources: le net
(1) une autre source le donne fréquentant le collège
Dans tous les cas,la bravoure ne suffisait pas pour accéder au rang d'officier dans les armées de Napoléon, il fallait savoir lire & écrire.
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