Ali Mimoun Ould Kacha naît le 1er janvier 1921, aîné d'une famille de modestes agriculteurs qui comptera sept enfants.
Le père Mohamed,est saisonnier agricole et sa mère, Halima Saket, tisse des couvertures pour compléter les maigres revenus du ménage.
Selon les vœux de sa maman, il souhaite embrasser la carrière d’instituteur;
il réussit brillamment son certificat d'étude, avec la mention bien, mais l'administration française lui refuse une bourse qui lui permettrait de poursuivre ses études,...une facilité réservée en priorité aux enfants des colons......
Scandalisé, en colère, mais pas abattu par cette situation, il annonce alors à sa mère son désir de quitter l'Algérie pour s'installer en métropole afin de garantir sa totale intégration en tant que citoyen français, l'homme montre un caractère qu'il manifestera toute au long de sa vie,
Le 4 janvier 1939, tout juste âgé de 18 ans, il signe un engagement
dans le 6ème régiment de tirailleurs algériens affecté au front belge
Après la débâcle, en 1940, toujours à l'armée, il se livre à la pratique du sport : football, cyclisme… et enfin à la course à pied
Son régiment étant cantonné à Bourg en Bresse, il assiste par hasard à une démonstration de course à pied sur le stade Louis Parant où il décide de s'entraîner. Il est vite remarqué par le président du club d'athlétisme local,
Henry Villard.
Il participe au championnat départemental de l'Ain et remporte l'épreuve du 1500 mètres.
Affecté en 1942,au 19ème régiment du génie à Alger, dans une compagnie de sapeurs démineurs, il intègre l'équipe de cross country & gagne le titre de champion d'Afrique du Nord, puis participe aux campagnes de Tunisie de novembre 1942 à mai 1943, sous les ordres du général Giraud, face à la redoutable Afrika Korps du général Rommel, « le renard du désert »
La bataille d'El Guettar est particulièrement éprouvante.
En juillet 1943, le caporal Ali du 83ème bataillon de génie de la 3ème division algérienne, participe à la campagne d'Italie sous les ordres du général Juin
Le 28 janvier 1944, il est grièvement blessé au pied par un éclat d'obus lors des durs combats du « monte Cassino », il est heureusement transféré à l'hôpital français de Naples, lui évitant une amputation préconisée par les médecins américains
Rétabli, il participe au débarquement de Provence sous les ordres du général de Lattre de Tassigny le 15 août 1944.
Son bataillon gagne la croix de guerre avec quatre citations.
Démobilisé en 1946, il reçoit deux propositions de clubs sportifs :
-le Stade Français, qui l'assure un appartement à Boulogne ( Paris)
-le Racing Club de France, qui lui offre un poste de garçon de café à proximité du stade de la Croix Catelan dans le XVIème arrondissement de Paris.
Ayant donné son accord au Stade Français, il signe finalement avec le Racing, et s'installe dans un modeste 2 pièces de l'avenue Bolivar, à deux pas du stade.
Pour ce revirement, le Stade Français le fait suspendre jusqu'en 1947 .
A partir de cette date, Mimoun domine nettement la course de fonds en remportant le titre de champion de France des 5000 & 10000 mètres ;
Spécialités qui lui donne l'occasion de rencontrer son futur ami,
le tchécoslovaque Emil Zatopek , le 16 août 1947.
Les oppositions Zátopek-Mimoun tournent le plus souvent à l'avantage de la « locomotive tchèque », au sommet de son art entre 1948 et 1952.
Mimoun se contentant de cinq médailles d'argent sur cette période :
sur 10 000 mètres aux JO de Londres en 1948
sur 5000 & 1000 mètres aux championnats d'Europe de 1950
sur 10 000 et 5 000 mètres aux JO d'Helsinski en 1952 .
Mimoun est le maître incontesté des rencontres nationales :
-sur les 5000 mètres :
en 1949,1951,1952,1954, 1955 & 1956 en établissant son record de France,
-sur les 10000 mètres :
en 1947, 1949, 1950, 1951, 1952, 1953, 1954, 1955, 1956,
et se montre un rude compétiteur en cross country :
- Aux rencontres des nations :
il est vainqueur en individuel en 1949 1952, 1954, 1956
et vainqueur par équipes en 1946, 1947, 1949, 1950, 1952, 1956.
-Aux championnats de France
avec 6 titres : en 1950, 1951, 1952, 1954, 1956 et 1959
Aux jeux méditerranéens de 1951 & 1955,
il remporte les 5000 & 1000 mètres
En 1956, il détient les huit records de France des 2 miles, 3 miles, 5 000 m, 6 miles, 10000 m, 15000 m, 20 km, et de l'heure.
Le marathon olympique de 1956
Malgré ce copieux palmarès, la presse française pense que Mimoun n'est pas au niveau pour disputer la victoire au tchèque Emil Zatopek ( elle ignore alors que celui-ci a été opéré un mois plus tôt d'une hernie et que Mimoun, après une ultime séance d'entraînement de 30 km sur le parcours du marathon, est très affûté. Mimoun ne promet pas la victoire à son entraîneur,: mais très sensible aux « signes » du destin, il était persuadé qu'il va gagner.
Ces signes, souvent évoqués sont multiples :.
Il porte le dossard numéro 13, la course débute à 15 h 13.
les français ont remporté le marathon en 1900 & 1928,
elle doit revenir à la France ,car 1956, c'est 1928+28
Le 1er décembre à 15h13 donc,
les quarante-cinq concurrents des vingt-trois nations en lice s'élancent sur les 42.195 km du parcours sous une chaleur accablante (36 °C à l'ombre)
Un groupe de treize hommes se dégage après quinze kilomètres.
Il ne sont plus que cinq au vingtième kilomètre.
C'est alors que l'américain John J,Kelley donne une tape dans le dos de Mimoun pour l'inviter à le suivre pour une échappée. ( ces deux hommes s'apprécient) Après quelques minutes d'efforts intensifs de Kelley, Mimoun prend le relais, et lâche son compagnon ; désormais seul en tête alors que la marque de mi-parcours n'est pas encore franchie, Mimoun est tenté de se laisser rejoindre par ses poursuivants, mais choisit finalement de faire la course à son rythme, en profitant du tracé du parcours pour jauger l'allure de ses adversaires, qu'il croisait après avoir passé le piquet marquant la moitié du parcours. Il constate que Kelley est à la peine, quand il croise les deux Soviétiques, il prend le temps de leur faire un petit signe pour les chambrer… Exténués, ils n'ont pas la force de répondre. Il croise ensuite Zátopek, qui n'a pas sa foulée habituel,
il comprend alors que son ami ne gagnera pas ce marathon.
Le dernier quart du parcours est difficile pour Mimoun, sa foulée devient de plus en plus courte ; à 12km de l'arrivée, il ne connaît toujours pas la position des concurrents; la fatigue, la chaleur lui pèsent, soutenu par la foule australienne il serre les dents, pense à sa femme, à sa fille, s'injurie pour maintenir le rythme & quand enfin il aperçoit le mât du stade olympique, à plus de trois kilomètres de la ligne d'arrivée, il accélère la cadence.
Il pénètre dans le Melbourne Cricket Ground à 17 h 37 sous les ovations des 120 000 spectateurs et franchit la ligne d'arrivée à 17h38,
remportant le titre olympique en 2h25, à 35 ans !!!!
Mimoun se précipite vers son ami Zátopek, arrivé 6ème & complètement exténué « Tu ne me félicites pas Emil ? », Son visage s'éclaire quand Mimoun lui annonçe la nouvelle. Il se met alors au garde-à-vous, retire sa casquette et félicite le vainqueur : « Ali, je suis heureux pour toi ».
Et ils s'enlacent pendant de longues secondes.
C'est la dernière fois que ces deux-là s'alignent sur la même course.
Accueilli en héros par une foule considérable à l'aéroport d'Orly, Mimoun est porté en triomphe.
Le journal l'équipe le consacre pour la seconde fois champion des champions
Mimoun poursuit sa domination sur le fond français en remportant les titres nationaux sur 10 000 mètres en 1957, 1958 et 1959, s'assure la première au cross country de 1959.& remporte Sedan-Charleville en 1959 et 1960.
A 39 ans, il tient à défendre son titre aux jeux de Rome en 1960, mais c'est un inconnu la kényan Abebe Bikila, un phénomène qui remporte la médaille d'or
En 1966, à 45 ans, il devient le recordman de France vétérans du 10 000 m
en 30 min 16 secondes, jamais détrôné à ce jour
Au total Mimoun compte et détient toujours le record de 86 sélections en équipe de France A
engrangeant 32 titres nationaux
notamment 8 titres sur le 5000 mètres, 12 sur le 10000 mètres, & 7 marathons
En 1966, à 45 ans, il remporte son 6ème dernier titre national au marathon, après ceux de 1958, 1959, 1960, 1964 et 1965
Mimoun totalise désormais 32 titres nationaux et 20 records de France ,
Sa vie privée
Né musulman, Mimoun est un fervent catholique converti en 1955 après avoir accompagné un ami à Lisieux; as t-il déjà rencontré la corrézienne Germaine Roubenne ?
En tous cas il se marient le 11 juin 1956, une fille Pascale-Olympe naît de leur union, la veille du marathon de Melbourne,
Très affecté par les événements liés à la guerre d'Algérie, il refuse de prendre parti pour un des deux camps, (il ne retrouve le sol natal qu'en 1988 pour rendre visite à sa mère. Ce « pro-français », il n’est pas le bienvenu.)
A l'indépendance algérienne en 1962, Mimoun, alors ressortissant d'Algérie vivant en France, enregistre officiellement sa « reconnaissance de nationalité française » le 20 juin 1963 , et prend le nom d'Alain Mimoun
S'il reste un « Algérien de cœur », la France, est sa « mère patrie ».
Quittant la compétition, il réside à Champigny sur Marne, il court longtemps chaque jour sur 10 à 15 km, Dans ses dernières années, il se promène dans le parc de Tremblay, proche de chez lui, admiré et respecté par tous.
Admis à l'hopîtal militaire de Saint Mandé
il décède dans la soirée du 27 juin 2013
Le 8 juillet, la France,par la voix de François Hollande, lui rend un hommage national d ans la cour d'honneur des Invalides à Paris,
Il repose dans le petit cimetière de Bugeat en Corrèze, où il avait fait bâtir un petite chapelle, lors de sa conversion au catholicisme
. La France reconnaissante
Le journal « l'équipe » le sacre champion des champions en 1949
En 1956, il reçoit le prix « Henri Deutsch de la Meurthe » de l'Académie des Sports, récompensant un fait sportif pouvant entraîner un progrès matériel, scientifique ou moral à l'humanité,
Le journal « l'équipe » le sacre champion des champions
pour la seconde fois.
La même année , il est fait chevalier de la légion d'honneur
par René Coty,
officier par Georges Pompidou en 1972,
( à titre militaire, dans la cour des Invalides,
où il reçoit les honneurs du 501ème Régiment de chars de combat) ,
commandeur par Jacques Chirac en 1999,
grand officier par Nicolas Sarkozy en 2008
En 1960, il lance la création du centre d'entraînement sportif sportif national
à Bugeat, en Corrèze, village natal de son épouse
Mimoun est fait chevalier dans l'ordre national du mérite, la 2ème plus haute distinction française, crée par le général de Gaulle en 1963
et porte à son veston, la médaille de l éducation physique & des sports, échelon or
En 1999, les lecteurs de la revue « Athlétisme » l'élisent
« athlète français du siècle »
La ville de Vincennes lui décerne la médaille d'honneur de la ville.
En décembre 2012 ,le journal « L'Équipe », lui décerne le trophée de
« Champion des champions de légende ».
Portent son nom à ce jour :
une centaine de rues, de stades et d'écoles, une salle d'hospitalisation au sein du groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière dédiée à la "réhabilitation respiratoire" des patients en insuffisance respiratoire,
l’hôpital militaire n'est pas en reste avec une
« Halle Caporal Alain Mimoun »,
et tout la haut, dans les étoiles, hommage suprême
un astéroïde découvert en 1990.
La nation reconnaissante
les décorations du Caporal Mimoun
officier de la légion d'honneur - 1972
la croix de guerre 1939-1945
la croix du combattant
la croix du combattant volontaire
la médaille coloniale, agrafe « Tunisie 1942-1943 »
la médaille commémorative de la guerre 1939-1945
(barrettes Afrique,Italie, libération, Allemagne)
la médaille commémorative de la campagne d'Italie 1943-1944
L'insigne des blessés de guerre
Syndicat d'Initiative Intercommunal des Portes du Pays d'Othe - 2 rue Laurent Lesseré - 10190 ESTISSAC - Tél : 03 25 40 42 42
réalisation OvOtix - motorisation Clé de Site
la rivière Ancre
Bercenay en Othe