Jacques Cœur naît à Bourges entre 1395 & 1400,
premier enfant d’une famille aisée,
Son père, Pierre Cœur, est maître fourreur et le « marchand pelletier » fournisseur de la riche cour de Jean Ier duc de Berry,
résidant dans l’opulente cité de Bourges.
Sa mère, Marie Lambert, est veuve d’un précédent mariage avec un boucher
L’enfant bénéficie d’une éducation religieuse & d’une formation intellectuelle de qualité à la sainte chapelle de Bourges. Bien que tonsuré comme enfant de chœur, Jacques s’éloigne de la clergie ; optant pour une carrière commerciale.
Il s’initie de bonne heure aux affaires aux côté de son père, qu’il accompagne dans ses démarches, lui permettant de découvrir le monde des nobles & de rencontrer des marchands influents,
tels que les véntiens & les gênois
En 1415,
la France, en guerre avec l’Angleterre depuis1337 est au plus mal après la cuisante défaite d’Azincourt, laissant une large traînée sanglante parmi les grands noms la chevalerie française.
En 1418,
le roi Charles VII
se réfugie précipitamment à Bourges, chassé de Paris,
par le duc de Bourgogne Jean sans peur, allié des anglais.
« A quelque chose malheur est bon » pour la capitale du Berry,
la présence du « petit roi de Bourges » et sa cour stimule les échanges et le commerce, la famille Cœur ne manque pas le rendez vous.
L’une des sœurs de Jacques épouse Jean Bochetel, secrétaire de Charles VII,
son frère, Nicolas Cœur, est évêque de Luçon ,
l’une de ses nièces, Perrette, épouse Jean de Village, natif de Bourges, qui durant douze années exercera auprès de Jacques Cœur les fonctions de commandant de sa flotte marchande.
Considéré comme un homme des plus industrieux et des plus ingénieux ,Jacques Cœur gère l’un des douze bureaux de change de la ville
.
Entre 1418 et 1420,
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il épouse sa voisine, Macée de Leodepart, fille de Lambert de Leopart, ancien valet du duc Berry, pour l’heure prévôt de Bourges
et de Jeanne Roussart, fille d’un maître des monnaies de Bourges ;
une bonne affaire ..sa belle famille l’intronise dans le milieu des hauts magistrats et des gens de cour, l’occasion sans doute de rencontrer le dauphin, futur Louis XI, et de travailler avec les changeurs accrédités de Charles VII, ce qui contribue à l’entrée de sa carrière
au service du roi de France.
Il prête l'oreille aux récits des marchands : la guerre a ruiné le pays:
les grandes caravanes évitent les chemins défoncés, en passant par les Alpes pour se rendre en Flandres, plus de foires, plus d'échanges, les halles sont vides, les ports désertés, Jacques rêve, persuadé que c'est dans le grand commerce que l'on gagne argent & honneur,
tout est donc à refaire, il va s'y employer,
En 1427,
doté du petit héritage de son père, il s'associe avec un changeur,
Pierre Godart, & Ravau le Danois, maître titulaire de ladite monnaie, pour l'affermage & la fabrique de la monnaie de Bourges .
En 1429,
ils se retrouvent sur le banc des accusés, pour quelques petits arrangements fiscaux, et surtout d’avoir pratiqué le rognage de trois cents marcs d’argent-ce qui leur aurait procuré un bénéfice
de cent vingt à cent quarante écus,
Ravau le Danois, en première ligne des accusés sollicite des lettres de rémission au roi, qui pardonne, déchargeant les coupables de la peine encourue...,lui infligeant une amende de 1000 écus d'or.
les autres s'en sortent avec une peine légère:
( Charles VII, est encore plein de mansuétude, conforté par son récent sacre à Reims,- car ce délit conduit habituellement dans un cul de basse fosse ou sur une galère )
En 1430,
Jacques Cœur fonde avec les frères Godard une compagnie pour la fourniture de marchandises diverses, visant à gagner en particulier la clientèle du roi et de la cour. A force de rencontres et de discussions avec des marchands étrangers, il comprend que seuls les échanges internationaux, basés sur le commerce maritime avec l’Orient, peuvent lui offrir l’occasion de gloire et de profit en se posant en rival des vénitiens, gênois, et pisans.
Sa carte maîtresse:
favoriser les opérations économiques non plus par le troc, mais par du numéraire, en bravant l'interdiction de sortir la monnaie de France.
Après avoir prospecté les marchés potentiels au Liban, en Egypte & en Syrie, répertorié les marchandises françaises susceptibles de plaire sur les marchés orientaux, enregistré les prix pratiqués des produits à importer, et surtout de comprendre le vif intérêt des acheteurs musulmans pour l’argent et le cuivre de même que leur relative indifférence vis-à-vis de l’or qui abondait dans leurs pays.
Ce voyage marque une rupture fondamentale avec le passé.
Pour constituer son capital de départ il emprunte à la bourgeoisie de Bourges et à des représentants de banques italiennes.
En 1342,
il reprend la route du Midi pour mettre en place son premier comptoir à Montpellier-Lattès, port jouissant de privilèges spéciaux « les nefs absoutes » autorisant 6 bateaux à un aller retour annuel sur Alexandrie pour commercer avec les infidèles.
En achetant une galèe aux gênois, dans le but de la copier,
à la grande fureur de ceux-ci, qui ne réussiront pas à récupérer le navire.
sa flotte compte bientôt 7 bateaux de haut bord et de nombreux bâtiments de moindre importance.
Il organise alors une première expédition maritime complète.
En s'appuyant sur un réseau de 300 agents, il acquiert rapidement une réputation de loyauté et de bonne foi dans les transactions doublée d'une générosité avec les princes d'Orient,
Dès lors, avec un crédit au plus haut il reçoit le monopole :
-d'importation des épices, des soieries ,cotonnades , velours, draps d’or, vin d’Orient, sucre de Chypre, maroquins, pierres précieuses, perles de Ceylan, meubles, confiseries, ambre, alun, indigo, safran, parfums ( encens & musc), chevaux arabes, plumes d’autruches, coraux, ivoires, tapis, porcelaines de Chine, mercure
- du transport des marchandises françaises vers l'Orient: draps, fourrures, toiles, cuirs tannés, argent & cuivre le plus souvent échangés à poids contre poids en or, engrangeant un bénéfice fabuleux, d’autres métaux, …et les pèlerins pour la Terre sainte.
Les opérations sont rapidement couronnées de succès;
les marchandises dirigées sur 100 villes redonnent une dynamique locale, en donnant notamment un second souffle aux foires de Champagne & de Flandres, et plus généralement à l’économie nationale
.Il développe ses activités sur Marseille, installe un chantier naval à Aigues-Mortes
Sa fortune suit la courbe de son ascension, fulgurante :
Ses biens immobiliers sont considérables :
Rachats de terres & de maisons abandonnées pendant la guerre, hôtels dans plusieurs villes, plus de 20 seigneuries & châtellenies, souvent acquises en remboursement de prêts non honorés, ce qui ne lui attire pas que des sympathies...
.
En 1435,
malgré les abus qui lui sont reprochés,
Charles VII le nomme maître des monnaies
En 1436
le traité d’Arras met fins aux hostilités avec le duc de Bourgogne, convaincu de quitter l’alliance anglaise.
Charles VII peut rentrer à Paris.
et confier à Jacques Cœur l'hôtel des monnaies.
En assumant ce poste, Cœur rend un signalé service autant
à Charles VII qu’au négoce tout entier, et par conséquent, à lui-même.
Il fait frapper trois monnaies, dont deux à Paris-« gros du roi" et une à Bourges, le « gros de Bourges » qui entrent rapidement en concurrence avec la monnaie anglaise.
Chargé de la rentrée des impôts indirects( les aides) en Berry, il est missionné pour percevoir des droits pour le compte de la Chambre aux deniers du roi dans les États du Languedoc, où il se rend avec le roi ,un mois durant, pendant lequel il sut conquérir ses bonnes grâces et s’en faire apprécier en exposant idées et projets :
-redynamiser l’économie du royaume en échangeant avec l’Orient,
-développer nécessairement d’une flotte, la création de ports, et donc la croissance de villes, productrices de ressources …
et le retour en impôts
En 1438,
Charles VII rétablit & lui confie la charge de grand argentier de l’hôtel du roi:c'est à dire subvenir aux besoins quotidiens de la maison du roi : vêtements, parc voitures, mobilier, etc )
Jacques Coeur met aussitôt de l'ordre dans la trésorerie de la maison du roi ; persuadé que le moyen pour tout le monde de devenir riche est de payer, il comprend le bienfait de la statistiques pour évaluer les ressources & établir l'assiette des impôts.
En créant des ressources nouvellesde revenus pour l' état: la taille, la fouage, les aides, la gabelle, il contribue puissamment à donner les moyens financiers à Charles VII pour bouter définitivement les anglais hors du royaume.
Bien placé, ses finances personnelles, lui donnent la possibilité de prêter de l’argent, s’affirmant en quelques mois le banquier attitré du roi et de sa cour, créant ainsi une relation de dépendance avec les grands dignitaires du royaume
En 1441,
satisfait de ses services, le roi anoblit le roturier devenu homme d' état, sa femme & sa descendance
Nommé Commissaire royal auprès des États du Languedoc,
il se rend sur les lieux chaque année pour :
-discuter du montant et de la répartition des impôts fixés par le roi.
- fixer la somme à percevoir et la participation de chacune des villes
et des municipalités.
Maître tout puissant aux yeux des languedociens, il entre de plain- pied dans les affaires du royaume.
En 1442, il entre au conseil du roi,
presque exclusivement composé de roturiers.
(au grand dam de la noblesse)
Homme le plus riche du royaume, il tient à marquer sa réussite par l’édification pour 100 000 écus« d’une grande maison », à Bourges :
le palais Jacques Cœur, considéré comme l’un des plus somptueux édifices civils du gothique tardif.
En 1443
Jacques Cœur face à une pénurie de marins menaçant gravement son négoce, obtient du roi, l’autorisation d’enrôler de force tous « les méchantes gens » responsables de l’insécurité dans les villes, les « personnes oyseuses, vagabondes et autres caïmans » qui troublent l’ordre et la paix des cités du littoral. en tant que mariniers-avironneurs , moyennant une convenable rémunération.. !!!,
les bases du bagne maritime étaient jetées pour des siècles:
"les galères »
Suite à un conflit entre équipages vénitiens & fonctionnaires égyptiens, le sultan mammelouk interdit les ports à la république de Venise, Jacques Cœur, qui bénéficie d’une excellente réputation, se pose en négociateur et obtient le rétablissement des relations commerciales, pour le bien du commerce maritime en général,
et pour la maison Jacques Cœur, en particulier….
En 1444,
il rencontre, Agnès Sorel, le courant passe, bienveillante à son égard il devient son protégé, tout comme Brézé, un parrainage bien utile car la maîtresse royale ayant un pouvoir absolu sur l’esprit du roi, n’en usera que pour soutenir et défendre, contre les intrigants, l’intelligence politique menée par ses deux amis.
L’honorabilité de Jacques Cœur s’en trouve accrue, ses affaires aussi : fournisseur de pierres & d’étoffes précieuses de sa protectrice il élargit sa clientèle avec la cour .
Il fait également connaissance du dauphin, futur Louis XI, en relations houleuses avec son père, mais les deux hommes s’apprécient et tissent en secret une relation qui s’affinera avec le temps,
mais pèsera lourd sur leurs destins.
En 1445
l’argentier du roi est nommé dans de nombreuses ambassades, notamment :
-à Gênes pour son rattachement au royaume de France,
un projet finalement abandonné.
- à Rhodes, en faveur des « Chevaliers hospitaliers » face aux attaques des flottes égyptiennes. Mission réussie, la sécurité retrouvées les chevaliers lui accordent privilèges et protection de sa flotte dans toute la Méditerranée orientale.
- à Rome, un nouveau schisme déchire une fois de plus l’Église d’Occident suite à l’élection de l’antipape Felix V, par une faction d’évêques mécontents, Jacques Cœur fait partie de la mission chargée de convaincre Félix V de renoncer à sa place dans l’intérêt supérieur de l’unité de l’Église. Après plusieurs tentatives complexes et délicates, Jacques Cœur recueille en 1448, l’abdication souhaitée.
Tout en confortant définitivement sa réputation au Saint-Siège,
il gagne auprès du nouveau pape Nicolas V,
puis de son successeur, un appui et une amitié
qui ne feront jamais défaut.
-conclut une entente « cordiale » entre la France et l’Égypte alors le plus puissant des pays arabes qui pouvaient devenir des alliés de poids face à l’avance des Turcs
L’initiative ne fut pas comprise par ses contemporains.
La même année,
Charles VII crée une armée permanente en s'appuyant sur l'élite de la noblesse pour le recrutements de capitaines fidèles.
En 1447,
sur instigation de Jacques Coeur, un ordonnance décide de la frappe de pièces d'argent de bon aloi à 92% :
bonne affaire, Jacques Coeur rachète des mines d’argent, de fer, de cuivre et de plomb, dans le Lyonnais & le Beaujolais, prend à ferme pour 12 ans le droit du roi levé sur les mines
& crée une compagnie,
Désormais, il pourra prétendre que tout argent fondu en lingots provient de ses mines, contournant ainsi « légalement ! » l'interdiction de sortir la monnaie de France,
1449,
la guerre contre l'Angleterre reprend,
Jacques Cœur avance 100000 ducats d’or au roi.
Conduite par Jean Dunois, le bâtard d'Orléans & du duc de Bretagne, l'armée du roi bouscule l’adversaire, reprennant irrésistiblement villes & places fortes, tant & si bien que le 10 novembre, Charles VII fait son entrée solennelle à Rouen,
sans doute le plus beau jour de sa vie après le sacre à Reims,
Jacques Cœur ayant l’honneur de prendre la meilleure place dans le cortège suivant le roi...Ce qui fait jaser.
Mais la guerre n’est pas terminée, un nouveau contingent de piétons,d’archers & de cavaliers anglais débarque à Cherbourg sous les ordres du capitaine Thomas Gower.
Le comte de Clermont courre sus à l’ennemi,
qu’il rencontre et écrase à Formigny,
première victoire en rase campagne depuis 100 ans,
et une revanche des désastreuses batailles
de Crécy, de Poitiers et d'Azincourt
Le 12 août 1450,
Jacques Coeur négocie la rédition des anglais.
Au terme de longues palabres, le capitaine anglais accepte de rembarquer pour l’Angleterre avec ses hommes, « à la condition qu’on lui rendit son fils prisonnier, et que les Français acceptassent de payer les frais de rembarquement
estimés par les deux parties à 40 000 écus ».
Le roi ne disposant pas d’une telle somme, Jacques Cœur les avance.
Au printemps 1451,
l’effort de guerre se porte sur la Guyenne, dernière province de France possédée par les Plantagenêt. Une fois de plus Jacques Cœur est sollicité pour avancer 70 680 livres tournois.
La guerre de Cent Ans touche à sa fin, l’argentier au faîte de sa puissance et de sa richesse savoure sa position.
Côté affaire, autorisé par une bulle papale de commercer personnellement avec les musulmans, plus rien ne l’oblige à respecter désormais l’exemption de 6 navires attachée au port de Montpellier,
il transfère sans états d’âmes ses activités à Marseille, fief du bon roi René Anjou ; un apport inestimable pour la Provence,
un coup terrible pour le Languedoc.
Etait-ce vraiment nécessaire ?
Etait-ce folie autant provocatrice qu’inutile?
La roue tourne brutalement
Agnès Sorel, meurt, victime d’un empoisonnement par le mercure,
un métal entrant dans la composition:
-d’un poison, et les yeux se tournent vers le dauphin, qui lui vouait
une haine viscérale
-ou comme ingrédient dans les vermifuges.
En perdant sa protectrice, Jacques Coeur perd l’oreille du roi..
et sa bienveillance
La chute est vertigineuse,
C’est l’occasion pour ses ennemis de le perdre. en l’accusant de l’empoisonnement de la maîtresse royale,
une accusation qui ne sera pas retenue(*), et de malversation.
(*)l’accusatrice, Jeanne de Vendôme, une débitrice de Coeur, sera condamnée à faire amende honorable & sera bannie de la cour.
Dès lors, Charles VII; vieux, malade, méchant, ne supportant plus le faste et la bonne santé de l'argentier, oublie ses services rendus comme il oublia ceux rendus par Jeanne d’Arc.
Était-ce dû également à ses relations amicales avec le dauphin et donc s’attirer l’inimitié » du roi ,
ou bien Charles VII, dépendant financièrement de plus riche que lui voulait-il s’accaparer la formidable fortune de Jacques Cœur.
Toujours est il , qu'après avoir entendu son grand conseil, Charles VII fait arrêter son argentier pour crime de lèse majesté.,
l’abandonnant à la merci de ses nombreux débiteurs ,détracteurs,
& envieux
Parmi les plus virulents:
-Antoine de Chabannes, bailli de Troyes, un de ses principaux redevables, suit une longue liste de débiteurs, bénéficiaires de prêts, -Otto Castellani, trésorier des finances à Toulouse, qui aspirait à le remplacer,
-les négociants du littoral méditerranéens qui prospéraient avant l’arrivée de Jacques Cœur,
-les languedociens lésés par le transfert du négoce sur Marseille,
Enfonçant le clou, il obtiennent une seconde commission, incriminant Jacques Cœur:
-d’avoir sorti du royaume, argent et cuivre en grande quantité ,
-de contrefaçon du sceau royal,
-d’exactions dans le Languedoc,
- de ventes d’armes aux infidèles.
Invoquant le bénéfice de clergie pour être jugé par un tribunal ecclésiastique puisqu’il avait reçu la première tonsure dans son enfance, ce privilège lui est refusé, et ce, malgré les ’interventions du pape, de l’archevêque de Bourges, & de l’ évêque de Poitiers .
Le 14 juin 1452,
Jacques Cœur, répond avec simplicité & précision aux accusations formulées, sans pouvoirr fournir les preuves, les juges ayant pris soins de ne convoquer que des témoins à charges,
C’est clair, on veut sa perte, avec haine et acharnement..
Jacques Cœur, emprisonné, le procès s’éternise.
En mars 1453,
sous la menace de la torture, il préfère reconnaître sa culpabilité et demander grâce au roi.
Reconnu coupable, les crimes de lèse majesté, de concussions, & d’exaction sont confirmés ; outre ses biens saisis, il doit s’acquitter d’une amende de 300 000 écus, d’un remboursement au trésor royal de 100 000 écus, ses créances aux tiers ne sont pas reconnues.
Condamné à mort, sa peine est commuée en bannissement perpétuel pour service rendu à la couronne.
.quand même …
et restera en prison jusqu‘au paiement des amendes,
autant dire qu’il sera impossible de réunir cette somme.
Pendant ce temps, la curée a commencé, toute la meute des courtisans et trafiquants de tous bords s’en donnent à cœur joie .
en dépeçant ses biens et sa fortune.
Le 5 juin 1453,
Jacques Cœur, en chemise, un cierge à la main fait amende honorable sur la grand’ place de Poitiers.
En octobre 1454 ,
détenu à Poitiers, sévèrementent gardé, il réussit pourtant à fausser compagnie, à son geôlier, Antoine de Chabannes, l’un de ses acharnés débiteurs, et se réfugie à Beaucaire, sur le Rhône,
au couvent « sous franchise »(*) des cordeliers,
(*)un privilège d’inviolabilité accordé aux communautés religieuses possédant une église, et bien que ses poursuivants aient retrouvé sa trace, le supérieur du couvent refuse de leur livrer l’évadé.
De ce havre de paix, Jacques Cœur appelle à l’aide son fidèle Jean Village, résidant à Marseille ; un plan audacieux d’exfiltration nocturne à la barbe des « français »est élaboré de la France à la Provence, terre du roi René:
En février 1455,
une vingtaine d’hommes se glissent silencieusement dans une anfractuosité des murailles, récupère le fugitif au couvent, et repassent le Rhône sans encombre.
Jacques Cœur est libre, libre de rejoindre Rome, où il est accueilli par le pape Nicolas V, qui l’apprécie beaucoup depuis son ambassade de 1447, et le fait soigner par ses médecins.
Affaiblis par les mauvais traitements en France, Jacques Cœur s’emploie cependant à rassembler les débris de sa fortune :
-les galères de sa flotte méditerranéenne,
-ses biens aux mains de ses correspondants d’Italie & du Levant,
-les bénéfices conservés par des agents demeurés fidèles.
Tant & si bien qu’il peut préparer, comme conseiller & financier du nouveau pape Calixte III,
une expédition sur l’île de Chio, menacée par les Ottomans, les nouveaux maîtres de Constantinople.
C’est avec le titre de capitaine général de l’église qu’il commande la flotte sous la direction du patriarche Aquilée
( principauté sous concordat de Venise).
C’est au cours d’un combat,
en novembre 1456
qu’il est grièvement blessé(*), et conduit dans l’ile de Chio,
où il décède le 25 de ce mois.
Inhumé dans le cœur de l’église, toute trace disparait quelques années plus tard avec la destruction de ce bâtiment pendant la guerre.
Voilà pour la version héroïque.
Une autre version est avancée : moins glorieuse, c’est pendant son séjour sur l’ile, qu’il meurt, vraisemblablement de dysenterie.
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